MOURIR
Tous les jours des disparus
célèbres
tous les jours des disparus
inconnus.
Cette période écrite avec les mots
solitude, enfermement
nous renvoie aussi à notre mort.
comment ne pas voir que les jours défilent
à un rythme effréné.
Comment ne pas penser à la finitude de notre vie .
Au seuil de cette mort cette question:
ai-je su écouter cette vieille dame,
au soir de sa vie,
quand elle attendait que la mort vienne la cueillir
avec impatience, par lassitude.
J'ai toujours été une oreille attentive .
Puis , mon écoute s'est peaufinée, au fil du temps,
affinée, jusqu'à n'être qu'un souffle,
le souffle de la personne écoutée,
n'écoutant pas mes pensées,ni mes croyances,
lâchant l'attente, le désir de faire ou de dire,
lâchant l'image de soi
pour ne refléter que la sienne ;
laissant tomber la parole,
pour ne hocher que la tête
en souriant ou riant de bon cœur avec elle.
Que dire de réconfortant
quand on ne connaît rien de l'après.
Alors, n'être que présence
d'une âme détachée des effets
seulement une écoute de cœur à cœur
être dans l'instantané du moment
suspendue, comme les cerises
qui se balancent dans le pré voisin.
Ecouter le silence qui nous unit,
en me noyant dans ses yeux
qui apprennent à me connaître.
Etre le modeste reflet, mon Dieu
de Ta présence accompagnante
qui prendra , je le sais,
le relais le moment venu.
Je la laisserai partir
vers un autre horizon,
un autre pays, une autre rive
« Je suis prête , ce n'est pas triste »
me répète -t-elle
Et nous nous quittons en un éclat de rire !
Mireille Bertrand