Vieillir
Vieillir c'est découvrir un beau matin
de la cinquantaine, un cheveu gris dans sa touffe brune.
C'est remarquer des petites ridules autour des yeux,
ou entre les sourcils.
On oublie, puis un matin , une photo tombe
dans notre main, étonnée :
« c'était seulement voilà 5 ans ! »
Au fur et à mesure que l'on approfondit
notre espace intérieure,
la façade se dégrade ,
l'apparence vieillit
comme une vieille pomme qui se fripe.
C'est le lot de tous les êtres humains,
naître, vieillir et mourir.
« Tu fais un tour de piste, disait Jérémie
dans un film , et après c'est fini. »
Nous perdons peu à peu notre physique,
notre souplesse, notre agilité
« mais est ce que notre capacité d'aimer est menacée »
écrit Serge un philosophe,
« est-ce que notre capacité à s'émerveiller est menacée !
Oh ! que non .Ca me fait penser au soleil
qui se couche le soir à l'horizon,
alors qu'il va se lever dans un ailleurs.
Nous devenons pauvre dans une main,
et nous découvrons une nouvelle richesse dans l' autre .
Notre regard prend le temps de regarder et d'accueillir,
Un sourire se dessine sur notre visage en voyant la beauté.
Au lieu de courir partout, on marche posément
conscient de la terre qui nous porte.
Des parfums viennent chatouiller nos narines,
et aussitôt des images se dessinent dans notre tête.
Un bruit, un son nous appelle.
Et c'est toute une mélodie qui chante en nous
Une légèreté intérieure remplace notre apparence :
la liberté d'être,
d'être nous même, sans avoir à nous justifier de rien
Sans attendre quelque chose que nous n'aurons plus,
ou sans poursuivre dans une course effrénée
des buts inaccessibles .
La vie dans toute sa splendeur se déploie
de jour en jour,
dans le dénuement et le lâcher prise
nous ne cherchons plus à nous agripper
à ce qui semblait si important,
voilà encore 5 ans.
La vie est là, intense, le cœur et ses battements
comme une promesse, répètent ses rythmes,
La vie coule , comme une eau claire
L' énergie lumineuse, irradie
cet espace intérieur qui s'amplifie sans cesse.
Le silence nous parle.
Le temps s’arrête...
Mireille Bertrand